Adrénoleucodystrophie cérébrale : résultats positifs de la thérapie génique à 6 ans


Par Mme Aude Rambaud Saint-Germain-en-Laye
Article commenté :
La thérapie génique fait ses preuves dans l’adrénoleucodystrophie cérébrale. Environ 6 ans après l’administration du traitement, plus de 80% des patients traités au stade précoce ne présentent pas de handicap fonctionnel majeur. Toutefois, l’utilisation du vecteur viral de cette thérapie génique entraine un risque de cancer avec 10% des patients environ concernés. Ces travaux sont parus dans le NEJM. L'adrénoleucodystrophie cérébrale est une maladie génétique liée à l'X, caractérisée par des anomalies de la substance blanche, une perte de la fonction neurologique et une mort précoce. Une thérapie génique elivaldogene autotemcel (eli-cel) est disponible aux Etats-Unis. Elle consiste à administer des cellules CD34+ autologues contenant un vecteur lentiviral équipé d’ADN complémentaire ABCD1.
Une étude de phase 2-3 du laboratoire Bluebird Bio qui développe ce traitement, confirme l'efficacité et l'innocuité de la thérapie eli-cel chez des garçons atteints d'adrénoleucodystrophie cérébrale à un stade précoce.
Sur 32 patients traités, 29 ont terminé l'étude et continuaient d’être suivis à plus long terme. Ils ne présentaient aucun handicap fonctionnel majeur à 24 mois (critère principal). Et lors de l'évaluation la plus récente (suivi médian de 6 ans), le score de la fonction neurologique était stable par rapport au score initial chez 30 patients sur 32 (94%) et 26 patients (81%) ne présentaient pas de handicap fonctionnel majeur.
Toutefois, un cancer hématologique s’est développé chez 7 patients sur 67 après la prise d'eli-cel : des syndromes myélodysplasiques (SDM) entre un an et plus de six ans après le traitement. Chez les six patients pour lesquels des données étaient disponibles, les chercheurs ont constaté des insertions du vecteur lentiviral dans plusieurs sites de l’ADN.
Parmi les 5 patients atteints de SMD qui ont subi une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques, 4 patients sont restés indemnes de SMD sans récidive et 1 patient est décédé. Un patient atteint de LMA et toujours vivant.
Références :
Florian Eichler et al.
Lentiviral Gene Therapy for Cerebral Adrenoleukodystrophy
N Engl J Med 2024;391:1302-1312
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Christine N. Duncan et al.
Hematologic Cancer after Gene Therapy for Cerebral Adrenoleukodystrophy
N Engl J Med 2024;391:1287-1301
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Date de publication : 16 octobre 2024