Le numéro 10 (octobre 2006) de la revue Allergy comportait 10 articles consacrés à l’immunothérapie spécifique (ITS) [1] et son supplément n°81 de cette revue était entièrement dédié à l’ITS par voie sublinguale avec 6 articles et un éditorial intitulé «L’immunothérapie sublinguale : validée !» (2). Le poids économique et social des maladies allergiques augmente régulièrement dans la plupart des pays du Monde. Face à ce défi, l’ITS est reconnue comme étant le seul traitement actuel capable de modifier la réactivité immunitaire de l’individu allergique (3).
 

L’allergie est un problème de Santé Publique mondial puisque son incidence a augmenté à ce point au cours des 20-30 dernières années, que, aujourd’hui, une personne sur 5 est atteinte de rhinite allergique. Si elle n’est pas à un niveau de gravité de bon nombre d’affections, la rhinite allergique évolue vers un asthme dans au moins 20% des cas, plus souvent en cas d’allergie aux acariens. L’auteur rappelle les revues de Passalacqua et de Malling qui valident l’ITS-SL, en insistant sur son efficacité (61% des cas) et sur son excellente tolérance

Trente-neuf études en double aveugle contre placebo concernant l’ITS-SL, publiées dans des revues de langue anglaise entre 1990 et mars 2006, font l’objet de cette revue qui est donc de plus grande ampleur que celle de Wilson et coll. (1) qui ne portait que sur 22 études (1986-2002).

En commençant leur revue, Canonica et Passalacqua rappellent que l’éviction des allergènes constitue la première mesure face à une rhinite allergique, mais elle est souvent partiellement efficace : d’où l’importance de l’ITS

La revue très technique de F. Moingeon nous explique les étapes biologiques qui ont permis d’obtenir les allergènes utilisables par voie sublinguale, depuis les extrais biologiques jusqu’aux allergènes recombinants.
On sait que la quantité d’allergènes utilisés au cours de l’ITS-SL est 50 à 100 fois plus importante que pour l’ITS-SC. De nouveaux protocoles vont autoriser des doses encore plus fortes. Ces allergènes proviennent de sources allergéniques naturelles.

Certains mécanismes de l’ITS-SC et de l’ITS-SL sont communs, d’autres sont particuliers à l’ITS-SL : ils font l’objet de la revue de Akdis et coll. Le mode d’action classique de l’ITS (partagé par l’ITS-SL) est la production des « anticorps bloquants » – connus depuis leur découverte par Robert A. Cooke (1) – anticorps de type IgA et IgG surtout IgG4. Au cours de la plupart des essais cliniques portant sur l’ITS, les IgG4 dirigées contre les allergènes vis-à-vis desquels les patients sont désensibilisés augmentent à un moment de l’évolution. Cette réponse constitue un fait biologique indiscutable sur le plan statistique prouve que l’ITS modifie la réactivité immunitaire des patients allergiques.

La désensibilisation par voie sublinguale est adaptée au traitement des allergies respiratoires de l’enfant : son efficacité est scientifiquement prouvée et son profil de sécurité est excellent.
Depuis la parution de la méta-analyse de Wilson et coll. (1) qui n’avaient recensé que 4 essais pédiatriques en 2002, Pham Thi et coll. indiquent que 7 nouvelles études ont été publiées, ce qui porte leur nombre à 11. Elles concernent des enfants âgés de 3 à 17 ans, atteints de rhinite et/ou d’asthme par allergie aux pollens de graminées (5 fois), aux acariens (4 fois), aux pollens d’olivier (1 fois) et de pariétaire (1 fois). Il est important de ne plus promouvoir que des essais cliniques de longue durée : parmi ces 11 études pédiatriques, trois avaient duré 2 ans et trois autres 3 ans.

« L’immunothérapie sublinguale : validée ! ». Dans son éditorial, Jean Bousquet confirme que l’immunothérapie spécifique a démontré qu’elle était capable de réduire les symptômes de rhinite allergique depuis son introduction, il y a presque un siècle. Toutefois, l’immunothérapie effectuée par voie sous-cutanée (ITS-SC) n’est pas le choix idéal pour tous les patients. Les injections nécessitent des visites médicales répétées, à des intervalles réguliers, ce qui peut être considéré comme astreignant par les patients et leurs familles.

Dans le même numéro d’Allergy, Antico et coll. rapportent un autre cas d’anaphylaxie au cours de la phase d’induction d’une ITS-SL au latex chez une patiente présentant un asthme et une urticaire lors de l’exposition à ce matériel.
L’opinion des auteurs est que cet accident était anecdotique et, qu’avec un allergène aussi puissant que le latex, il est recommandé de toujours réaliser la phase d’induction de l’ITS-SL dans un milieu spécialisé, disposant des toutes les possibilités de traitement l’urgence et de réanimer. C’est évident.