Toux chronique : une pathologie à prendre au sérieux


Par Mme Céline Lefebvre Paris
Article commenté :
Les nouvelles recommandations françaises sur la prise en charge de la toux chronique, sous l’égide de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), la définissent comme une pathologie à part entière, d’une durée ≥8 semaines qui requiert une prise en charge spécifique (1). En la désignant comme une « vraie » maladie, avec des phénotypes, des causes et une prise en charge propre, les experts espèrent réduire l’errance diagnostique et thérapeutique.La toux chronique est un problème de santé publique, ignoré ou banalisé. Sa prévalence en France est estimée à 4,8% (2) des adultes, dont 2/3 de femmes. Les recommandations 2023 SPLF-SFORL-SFPL-SNFGE formalisent un algorithme diagnostique afin d’écarter des causes fréquentes ou plus rares (toux chronique par excès de sensibilité ; syndrome de somatisation de la toux).
Après avoir écarté les signes d’alerte de pathologies néoplasiques, respiratoires chroniques ou cardiaques, la prise en charge devrait débuter par une évaluation de la toux : sa sévérité sur une échelle EVA, la recherche et le traitement des complications (troubles du sommeil, fractures costales, etc.) ainsi que la réalisation d’une radiographie de thorax.
L’arrêt du tabagisme doit être entrepris et l’éviction sur 4 semaines des IEC, tussigènes reconnus. Sans résultat, les causes les plus fréquentes de toux doivent être recherchées : RGO, asthme ou toux équivalent d’asthme, rhinosinusite et plus généralement syndrome de toux chronique des voies aériennes supérieures (STOVAS), concept qui englobe la dysfonction du larynx.
Sans diagnostic retrouvé malgré les explorations complémentaires, ou si aucune amélioration de la toux n’est obtenue en dépit d’un traitement étiologique bien conduit sur 6 mois, le diagnostic de toux chronique réfractaire ou inexpliquée (TOCRI) peut être posé.
En attendant les antagonistes des récepteurs purinergiques P2X3 espérés pour 2024, les neuromodulateurs (amitriptyline, prégabaline ou la gabapentine) sont la règle, ainsi que la morphine à faible dose.
Références :
(1) A paraître ; recommandations présentées au 27ème congrès CPLF (27-29 janvier 2023, Marseille).
(2) Guilleminault L, Martin A, Fonseca E, et al. Prévalence de la toux chronique ressentie et diagnostiquée chez l’adulte en France. Revue des Maladies Respiratoires Actualités. 2021;13(1):16-17.
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Date de publication : 14 mars 2023