SIBO : comprendre, diagnostiquer et traiter la pullulation bactérienne du grêle


Par Mme Céline Lefebvre Paris
Article commenté :
Le Groupe Français de Neuro-Gastroentérologie formule ses recommandations sur le Small Intestinal Bacterial Overgrowth, couramment appelé SIBO, les premières en France. Il écrit que le syndrome de l’intestin irritable n'est pas une condition favorisante du SIBO.Le SIBO ou pullulation bactérienne de l'intestin grêle, se définit par la présence de signes cliniques et/ou d'anomalies biologiques en rapport avec une modification du nombre des bactéries présentes dans l'intestin grêle, en présence de conditions prédisposantes.
Les signes cliniques de SIBO sont non spécifiques et peuvent inclure la diarrhée, les douleurs abdominales et/ou un inconfort abdominal, les ballonnements, la distension abdominale, les flatulences. Des anomalies biologiques, telles qu'une carence en vitamine B12, et/ou plus rarement une stéatorrhée peuvent être présentes en cas de SIBO.
Plusieurs « conditions prédisposantes » peuvent favoriser l’apparition du SIBO, outre l’avancée en âge : les antécédents de chirurgie digestive, ainsi que les troubles avérés de la motricité intestinale (sclérodermie, neuropathie diabétique, pseudo-obstruction intestinale chronique/POIC), les anomalies anatomiques (sténoses, diverticules), l’usage prolongé de médicaments ralentissant le transit (opiacés), l’achlorhydrie, les déficits immunitaires ainsi que certaines pathologies, comme la pancréatite chronique, la maladie cœliaque, la mucoviscidose, l’insuffisance intestinale, la cirrhose ou l’insuffisance rénale terminale. Mais pas l’intestin irritable.
Le diagnostic du SIBO repose sur plusieurs approches. Le « gold standard » consiste en une aspiration de fluide duodéno-jéjunal, une méthode peu standardisée et non disponible en France.
Les experts recommandent donc le recours aux tests respiratoires aux hydrates de carbone (75 g de glucose), indirects et d’une « fiabilité incertaine ». Un test est considéré comme positif lorsque l’augmentation de l’H2 expiré dépasse 20 ppm par rapport aux valeurs basales.
Le traitement du SIBO repose sur la gestion des conditions favorisant la prolifération bactérienne. Aucun régime spécifique n'est recommandé.
L'usage d'antibiotiques (cures de 7 à 10 jours) peut être envisagé, bien qu'il n'existe pas de protocole clairement supérieur aux autres. La rifaximine est déconseillée. Parmi les options, on trouve l'amoxicilline/acide clavulanique, le métronidazole, les quinolones, la doxycycline, la tétracycline et la néomycine.
L'imputabilité d'un SIBO ne peut être confirmée qu'en cas d'amélioration de la symptomatologie digestive associée à la négativation du test respiratoire au glucose après traitement. Une nouvelle cure d'antibiotique pourra alors être envisagée en cas de récidive.
Référence :
SIBO, IMO : recommandations du Groupe Français de Neuro-Gastroentérologie, présentées par le Pr François MION (CHU de Lyon) aux Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive 2025 (JFHOD, 20-23 mars 2025, Paris)
Date de publication : 31 mars 2025